Notre petite ville- Η ΜΙΚΡΗ ΜΑΣ ΠΟΛΗ
lectrice writes, "
Ευδοκία Παπαγιαννοπούλου
La présente traduction en français de l’article de Kosmas Vidos intitulé « Η ΜΙΚΡΗ ΜΑΣ ΠΟΛΗ » publié dans ΒΗΜagasino, le 25 novembre 2007, a été effectuée par Mme Monique Clotuche en collaboration avec Mme Jeannine Monnoye dans le cadre du cours de Traduction de Madame Evi Papayannopoulou à l’ Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons-Hainaut, Belgique.
Η παρούσα μετάφραση στα γαλλικά του άρθρου του Κοσμά Βίδου με τίτλο « Η ΜΙΚΡΗ ΜΑΣ ΠΟΛΗ » που δημοσιεύτηκε στο Βημαgαsino της 25 Νοεμβρίου 2007 , έγινε από την κα Μονίκ Κλοτύς σε συνεργασία με την κα Ζανίν Μοννουά στο πλαίσιο του μαθήματος Μετάφρασης της κας Εύης Παπαγιαννοπούλου στη Σχολή Διεθνών Διερμηνέων του Πανεπιστημίου της Μονς-Αινώ στο Βέλγιο.
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6 Μαρτίου 2008
Traduction
Kosmas Vidos
Notre petite ville
Un homme de la rue passe en revue ses pensées
Je suis bombardé de factures. Des dizaines de factures que des facteurs pleins de malice jettent chaque jour dans ma boîte aux lettres. Il me vient à l’esprit de l’arracher du mur, espérant que la prochaine fois (demain !) quand ils se pointeront, pleins d’appétit, ils seront pris au dépourvu, décontenancés et jetteront les mauvaises nouvelles dans la boîte aux lettres de la maison voisine. Ou bien j’imagine que je vais déménager sans communiquer ma nouvelle adresse, dans l’espoir que le nouveau locataire de mon ancienne maison va continuer à payer également mes propres dettes, par automatisme, sans bien comprendre ce qu’il paie. C’est que moi aussi, par automatisme, je paie des factures de plus en plus élevées pour l’électricité, les télécommunications, la Commune, le fisc, etc.… sans vérifier. Une fois que j’ai commis cette erreur et que je me suis assis pour voir ce que recouvraient les quarante et quelques € de facture d’électricité qu’on me réclamait pour une maison qui était restée fermée pendant plus de deux mois, je me suis rendu compte que la plus grande partie de ce montant concernait des charges pour tous ceux qui nettoient ou ne nettoient pas, qui entretiennent ou n’entretiennent pas, qui gardent ou ne gardent pas la zone où se trouve la maison.
Et c’est un sentiment de désarroi qui m’a saisi, un sentiment d’injustice qui n’est pas près de me lâcher. Ce sentiment d’injustice est une maladie sournoise qui me ronge complètement, ces derniers temps. J’ai le sentiment d’être lésé quand je paie et repaie avec une telle régularité mes redevances à un Etat qui n’est capable que d’une seule chose : m’en demander toujours plus. Je réside dans le quartier de Ghyzi, en plein centre d’Athènes. Dans un quartier qui a eu la malchance de n’accueillir aucune discipline des Jeux Olympiques de 2004, pas même une nage synchronisée… ce qui explique qu’on ne s’est pas préoccupé de l’aménager un tant soit peu. Ainsi, si l’organisation des Jeux est passée comme un petit vent de renouveau qui a apporté de la fraîcheur aux autres quartiers, pour nous c’est comme si de rien n’était. Dès lors mon quartier se meurt à petit feu, oublié de tous et surtout de la ville d’Athènes. Tellement tombé dans les oubliettes que, si les habitants de Ghyzi se rassemblent et organisent un mouvement de scission vis-à-vis d’Athènes, s’ils créent un petit Etat autonome, ils ne se donneront tout simplement pas la peine de nous en empêcher. C’est en tout cas mon avis. Pour eux nous n’existons pas. Et même si, au dernier moment, ils font semblant de se soucier de nous, ce sera seulement quand ils se rendent compte que, si nous prenons notre autonomie, ils perdront la rançon qu’ils exigent de nous.
Quoi qu’il en soit, ils nous ont abandonnés à notre triste sort. Il ne nous reste qu’à subir la dévalorisation quotidienne de notre quartier. En effet, la dévalorisation de Ghyzi est une réalité : routes et trottoirs dans une situation déplorable, complètement détruits et crasseux. Les poumons verts – le bosquet derrière les tribunaux et le Champ de Mars, etc …- qui meurent peu à peu. Des immeubles de mauvais goût collés les uns aux autres dans lesquels on suffoque. Et une nouvelle anarchie sociale qui flambe. L’ « occupation » d’un grand nombre d’appartements du quartier par des immigrés – des Albanais, des Roumains et aussi des Africains – m’est apparue au début comme plus que merveilleuse. Partisan de la polyphonie qu’apporte la symbiose de différentes civilisations, j’ai pensé que finalement le quartier allait revivre, qu’il allait retrouver une vitalité, un intérêt. Peut-être qu’il en aurait été ainsi, si entretemps la mairie d’Athènes, le pouvoir, s’était souvenu de l’existence de Ghyzi et s’était souciée que se passe correctement la transition vers un nouvel ordre des choses. Hélas, une fois de plus, ils nous ont abandonnés à notre triste sort. Au moment où nous, les habitants d’Athènes, nous n’avons aucun sentiment et aucune attention pour notre ville, comment pourrions-nous obliger ses nouveaux habitants à l’aimer et à avoir, à leur tour, du respect pour elle ?
Résultat ? Mon quartier s’est transformé en un énorme tripot où des gens de l’Europe de l’Est, ivres en permanence, sont en train de boire assis sur des cageots ou par terre sur les trottoirs devant nos maisons, jetant n’importe où des bouteilles, des papiers, des cigarettes, criant, crachant avec bruit, dévisageant avec une insistance gênante ou harcelant les femmes qui passent.
Un tripot d’où résonnent, venant de chaque appartement, aux moments les plus inopportuns, des chansons populaires polyphoniques de Agioi Saranta (ces chansons qui n’ont pas de paroles, juste un air lancinant : « aaaaaaaaooooooooooiiiiiiiiii »., des succès pop de la Perestroïka, des danses du ventre et des tsamikos. Un tripot où les hurlements venant de leurs disputes dans différentes langues inconnues font partie du train-train quotidien. Un tripot où l’entrée de mon immeuble est devenue le lieu de rendez-vous d’une bande de jeunes qui parlent une langue étrange, qui éteignent leurs cigarettes dans les escaliers et qui vous regardent, comme si on les dérangeait, quand on leur demande de s’écarter pour vous laisser entrer dans votre maison. (Quelqu’un qui est furieux contre eux, c’est notre femme de ménage, également immigrée économique, qui leur fait la chasse pour qu’ils décollent les chewing-gums des dalles en marbre. Un tripot où les rues sont, à la fois, pleines de chiens, errant dans un piteux état, et où les immondices forment des monticules au pied de nos fenêtres. Un enfer ! Comme si cela ne suffisait pas, notre quartier a été livré sans conditions à un flot décadent d’immigrés économiques (oui, ça existe !) et la situation a empiré. A côté de la caricature du Grec, s’est greffée celle de l’Albanais qui a fini par s’imposer .... Et la situation a vraiment tourné au vinaigre …
Quelle vie que la nôtre ! Les derniers succès de Tirana résonnent jusqu’à deux ou trois heures du matin, avec ces fêtards qui font la sourde oreille aux reproches de ceux qui ont le tort de se reposer à de telles heures. Les disputes entre ces soulards des trottoirs sont monnaie courante. Les rues qui étaient sûres jusqu’à maintenant ont commencé à ne plus être si sûres, surtout le soir. Le quartier où j’ai grandi et qui était jadis un vrai bijou est devenu un des quartiers les plus misérables de la ville. Dommage, car il avait les atouts pour être beaucoup plus séduisant. A condition que le bourgmestre et les autres responsables se souviennent que nous existons. Qu’ils se souviennent que le centre de la ville , ce n’est pas seulement la place Kotzia ou la place Syntagma. Que nous aussi nous soyons considérés comme de citoyens de la première circonscription d’Athènes. Que nous continuons à payer des factures élevées, parmi lesquelles notre redevance à la mairie d’Athènes. Car nous payons la mairie, mais de mairie point ne voyons …
Peut-être que, en fin de compte, si nous nous séparons de notre ville et si nous sommes annexés à la mairie de Tirana, nous aurons un sort plus enviable ….J’ai entendu dire qu’ il y a, là-bas, une meilleure offre d’emploi et que les quartiers sont embellis …
PS. Le Pasok repart à zéro, le gouvernement Karamanlis repart à zéro, laissant derrière lui les erreurs du passé. La mairie d’Athènes repart à zéro, en faisant confiance à Nikitas Kaklamanis, resté jusqu’alors dans les coulisses …
Ne pourraient-ils pas nous intégrer, nous aussi, dans leurs nouveaux départs ? Si je peux donner mon avis, sans être importun …
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